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Intérieur | 1951

20 décembre 2021 - 20 Janvier 2022

Intérieur, 1951, a été créé à un moment charnière de la carrière de Maria Helena Vieira da Silva. Le début des années 1950 a vu l’artiste travailler à travers une gamme de références, de formats et de palettes et se rapprocher de la peinture puissante et allusive pour laquelle elle est la plus célèbre.

Maria Helena Vieira da Silva (1908 – 1992)

Intérieur, 1951

Huile sur toile
Signée et datée Vieira da Silva 51 en bas à droite.
46,5 x 55,5 cm | 18 1/4 x 21 7/8 inches
61,5 x 70,5 cm avec cadre | 24 1/4 x 27 3/4 inches, with frame.

Provenance
Collection privée, France
Collection Baronne Goury du Roslan, Paris (acquis en 1958)
Collection privée, Paris

Exposition
Hanovre, Kestner-Gesellschaft & Deutschland; Wuppertal, Kunst- und Museumsverein; Brumen, Kunsthalle, Vieira da Silva, mars-mai 1958, n° 38

Littérature
J.F. Jaeger et G. Weelen, Vieira da Silva Catalogue Raisonné, Genève, 1994, No. 821 (illustré p. 161).
G. Weelen, Vieira da Silva, atelier d’aujourd’hui, Paris, 1973 (illustré p. 21).
G. Weelen, Vieira da Silva ou les structures mouvantes et superposées, La Revue du Louvre et des Musées de France, Paris, 19° année, 1969 (illustré p. 299).

“ Avant de dessiner un tableau, j’ai envie de peindre certaines couleurs. La décision, c’est la couleur en général, pas la ligne. ”

Maria Helena Vieira da Silva

Née à Lisbonne, la peintre Maria Helena Vieira da Silva (1908-1992) s’installe à Paris en 1928 pour devenir l’une des figures majeures de l’art d’après-guerre, l’une des rares artistes femmes à acquérir une renommée internationale dès les années 1950. Dans sa peinture, qualifiée de « paysagisme abstrait», Vieira concentre son attention et sa pratique sur la question de la construction de l’espace et de sa perception.

Maria Helena Vieira Da Silva dans son atelier, 34 rue de l'Abbe-Carton, Paris 1960. © Wölbing-Van Dyck, Bielefeld et Ida Kar

Intérieur, huile sur toile exécutée en 1951, illustre l’infinie méticulosité avec laquelle l’artiste construit ses tableaux, utilisant un principe de composition adopté dès le milieu des années 1930 : un réseau de lignes entrecroisées, de damiers et de trames où la couleur joue un rôle essentiel, le tout créant une spatialité ambigüe. Au coeur de ce langage plastique, un vocabulaire de formes simples – lignes, carrés, ronds, losanges, participe à la création de compositions complexes. Obéissant à ses lois personnelles de la perspective, ces visions fragmentées jouent avec le regard du spectateur et composent des paysages mentaux brouillant la frontière entre abstraction et figuration.

Maria Helena Vieira da Silva, Intérieur 1951, détail.

“En ajoutant petite tache par petite tache, laborieusement comme une abeille, le tableau se fait...”

Maria Helena Vieira da Silva

Joaquin Torres Garcia, Objetos, 1944. Huile sur carton, 22x32 cm. © Georges Meguerditchian, Centre Pompidou / MNAM-CCI.

La composition est ici dominée par le jeu chromatique, ce qui rappelle que la couleur vient en premier chez Vieira. La palette se compose de petits carrés rouge-orangés vifs et de lignes jaune cédrat – des teintes éclatantes qui captivent le regard. S’y ajoute un réseau subtile de bleus marins, verts, gris ardoise et blancs laiteux détachés de la profondeur d’un fond noir d’ébène. La couleur se fait ligne, et la vibration de ces teintes permet de créer un sentiment de profondeur. Cela témoigne de l’incroyable talent de coloriste de l’artiste, qui compte parmi ses inspirations Joaquin Torres-Garcia, dont la découverte de l’oeuvre en 1929 l’a ouverte à la construction de la perspective par la juxtaposition des couleurs.

Par son thème, Intérieur rappelle l’attachement de Vieira au monde de l’intime, celui connu durant son enfance solitaire entourée de livres et de musique, et celui recréée par elle à l’âge adulte, dans l’atelier parisien où elle s’installe avec son mari Arpad Szenes dès son retour du Brésil.

Arpad Szenes et Maria Helena Vieira da Silva, Paris, 1939.

Maria Helena Vieira da Silva, Bibliothèque, 1949. Huile sur toile, 114,5x147,5 cm. © Philippe Migeat, Centre Pompidou / MNAM-CCI.

Les intérieurs, les bibliothèques, les espaces clos font ainsi partie des thèmes de prédilection de cette grande solitaire qui s’est toujours tenu éloignée des cercles artistiques mais qui a recréé sur ses toiles un monde personnel, éminemment poétique. L’oeil mobile parcourt l’oeuvre, s’y perd comme dans un labyrinthe, et cherche à identifier des lieux en mobilisant sa propre mémoire. Ces surfaces évocatrices s’offrent à lui comme des espaces psychologiques, des possibilités de réflexion révélant toute la complexité du monde.

Intérieur a été exposée lors de la première rétrospective de l’artiste en Allemagne en 1958, à Hanovre, Wuppertal, Brumen et Kunsthalle. Guy Weelen, critique d’art et auteur du catalogue raisonné dans lequel elle est référencée et illustrée, a écrit deux publications que cette oeuvre accompagne: une dans la Revue du Louvre et des Musées de France en 1969, et Vieira da Silva, atelier d’aujourd’hui, en 1973.

Guy Weelen , Vieira da Silva, atelier d'aujourd'hui, Paris 1973.

À voir en galerie

 

A&R FLEURY est heureux de partager cette visite en ligne avec vous. Située à proximité du Palais de l’Élysée et de l’hôtel Bristol, la galerie a ouvert en 2018 un nouvel espace dans un quartier entouré d’établissements renommés, au coeur du marché de l’art parisien. Intérieur de Maria Helena Vieira Da Silva est visible en galerie, aux côtés d’œuvres de maîtres du XXe siècle et d’artistes contemporains.

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