Alicia Penalba
Figure emblématique de la scène artistique parisienne de l’après-guerre, Alicia Penalba est l’une des rares femmes sculptrices à avoir prospéré dans un secteur dominé par les hommes. De son vivant, elle fut déjà le sujet d’expositions importantes en Europe et en Amérique, et son héritage est toujours aussi ressenti de nos jours.
Pour ce FOCUS présenté à l’occasion de la foire Art Paris Art Fair, la galerie est heureuse de pouvoir proposer des œuvres historiquement importantes, ayant figuré dans les expositions des plus grandes institutions au monde telles que le MoMA, le Guggenheim à New York et Bilbao et le Centre Pompidou, pour n’en citer que quelques-une.
Gyula Košice, Alicia Penalba, Antonio Berni, devant Hommage à César Vallejo, Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, 1962 ©AAP.
Les paysages et la culture de son Argentine d’enfance ont laissé une impression durable tout au long de la carrière d’Alicia Penalba. Sa série des « Totems », clé de voute de toute sa production, est imprégné d’une signification spirituelle agissant comme des ponts entre les domaines physique et spirituel.
Ces bronzes verticaux, s’élevant vers le ciel, sont souvent dotés de cavités fermées, et de fentes laissant entrevoir des mystères cachés. Cette dualité dans le jeu fascinant de pleins et de vides invite le spectateur à contempler à la fois la forme extérieure et la vie intérieure que possèdent ces sculptures.
Les Totems de Penalba sont décrits comme biomorphiques, c’est-à-dire qu’ils possèdent des formes qui rappellent des organismes naturels ou humains. Cependant, il ne s’agit pas de représentation littérale, mais plutôt d’interprétations abstraites qui capturent l’énergie même de la nature.
L’œuvre Hommage à César Vallejo (1955) qui sera présentée lors de Art Paris se trouvent également dans la collection permanente du Centre Pompidou.
Le style de Penalba évolue à la fin des années 50 vers l’explosion de formes totémiques, permettant à la lumière de transparaître au cœur de ses œuvres. Cette nouvelle voie mène à la création de formes inattendues, qu’elle traduit en sculptures murales ainsi qu’en installations associant son art au paysage urbain. Penalba n’a pas hésité à réaliser des projets de grande envergure, créant des œuvres monumentales qui interagissent avec la nature et l’architecture.
Penalba mûrit en tant qu’artiste, ses formes se diversifient, adoptant l’horizontalité et l’extension des plans. Toujours proches de la nature, ses sculptures rappellent souvent des éléments naturels tels que des coquillages, des fleurs ou même des rochers…
Monumentalité rencontre intimité dans Grand Orolirio, ses imposantes formes fantastiques dialoguent avec l’espace autour.
Rumeur d'ailes, 1974. Bronze, 72 x 45 x 47 cm, avec socle.
Exploration artistique des années 60 d’Alicia Penalba et l’apogée de son émancipation en tant que femme et en tant qu’artiste, la série des ailées révèle son désir d’envol vers la liberté.
Alicia Penalba invoque l’imagerie et la sensation des ailes et des chutes d’eau pour susciter des sentiments de libération et de plaisir chez le spectateur. Elle défie la pesanteur avec ses plans de bronze superposés, créant ainsi une magnifique danse chorégraphiée. Les formes épurées s’étirent pour s’échapper vers les extrémités de la sculpture donnant ainsi mouvement et dynamisme aux œuvres.
Dans Rumeurs d’ailes, l’équilibre précaire des « ailes » met en évidence l’ingéniosité de l’artiste qui transforme le bronze en un matériau fluide et léger. Penalba parvient à capturer visuellement l’ascension vers les cieux, rappelant ses premières sculptures totémiques, mais réinterprétées d’une façon complètement nouvelle.
Alicia Penalba
Née en 1913 en Argentine, Alicia Rosario Pérez Penalba est considérée comme une des grandes figures de la sculpture d’Après-guerre, l’une des rares femmes sculptrices des années 1950 à avoir obtenu la reconnaissance internationale. Profondément marquée par le souvenir des paysages sauvages de son enfance, Penalba porte son œuvre tout à la fois vers l’éclatement des formes, la conquête des espaces et la monumentalité.
Portrait d'Alicia Penalba © Alicia Penalba. Droits de reproduction
