Née en 1913 en Argentine, Alicia Rosario Pérez Penalba est considérée comme une des grandes figures de la sculpture d’Après-guerre, l’une des rares femmes sculptrices des années 1950 à avoir obtenu la reconnaissance internationale. Profondément marquée par le souvenir des paysages sauvages de son enfance, Penalba porte son œuvre tout à la fois vers l’éclatement des formes, la conquête des espaces et la monumentalité.
Arrivée à Paris en 1948 pour poursuivre ses études, Penalba découvre et fréquente les grands maîtres de l’avant-garde, dont Brancusi, Giacometti et Arp. Affirmant son univers personnel, elle vient à l’abstraction de manière radicale en 1951 : elle s’isole dans son atelier de Montrouge, détruit la quasi totalité de ses œuvres antérieures et crée sa première sculpture non figurative, confirmant les propos de son premier biographie Patrick Waldberg, « sa vie est un roman de l’énergie, comme eu aimé le concevoir Balzac. » En 1957, elle réalise sa première exposition personnelle à la galerie du Dragon où elle rencontre déjà un vif succès, puis obtient le Grand Prix de Sculpture à la VIe Biennale de São Paulo en 1961, dix ans seulement après ses débuts.
Ses premières sculptures appartiennent à la série des « Totems » (1952-57), tel Passion de la Jungle, représentatif des rythmes verticaux et resserrés de ses premiers travaux. Erigés vers le ciel, semblant renfermés des cavités énigmatiques, ces bronzes sont animés d’une forte dimension métaphysique ; c’est le cas d’Ancêtre papillon (1955), dont un exemplaire a été exposé au Solomon R. Guggenheim de New York en 1958, durant sa première exposition aux Etats-Unis.
Après la série des « liturgies végétales », encore marquée par la dimension verticale, on observe avec celle des « Doubles » l’ouverture du volume qui s’expose davantage au regard du spectateur (Double sorcier (1956), Le Surveillant des rêves (1957). Les rythmes entre le plein et le vide se font plus saillants, accentuant le jeu sur la concavité et l’imbrication des rythmes verticaux.
À la fin des années 1950, la série des « Ailées » consacre l’éclatement des rythmes verticaux et la conquête de l’horizontalité, les éléments se superposant dans un équilibre fragile des couches, permettant à la lumière de pénétrer jusqu’au cœur de l’œuvre. La spectaculaire Grande Imanta (1962), qui fut exposée en 1967 lors de sa première exposition personnelle à la galerie Alice Pauli, témoigne de cette évolution.
Enrichissant sans cesse sa pratique, recevant des commandes lui permettant de s’exprimer dans de vastes espaces, Penalba se confronte à la monumentalité. Les rythmes se multiplient sous forme de dialogue avec l’espace, tel qu’en témoigne Forêt noire (1958), ou Petit dialogue (1961), qui annonce ses projets de miroirs d’eau, comme celui conçu pour le siège de la société pharmaceutique Roche en 1971.
Dans un ultime développement de sa pratique, Penalba part à la conquête des parois murales. Comme pour mieux capter l’envol de ses sculptures, Penalba réalise des reliefs muraux autonomes, comme Amants multiples, qui dialoguent librement avec l’espace.
La vie d’Alicia Penalba s’achève tragiquement en 1982 lors d’un accident de voiture. Ses créations sont déjà présentes dans de nombreuses collections à travers le monde, telles que Musée d’Art Moderne de Paris, le Centre Georges Pompidou, le Rijksmuseum Kröller-Müller à Otterlo, le Museo Nacional de Bellas Artes à Buenos Aires ou la Phillips Collection à Washington D.C. Les oeuvres d’Alicia Penalba sont également visibles dans des espaces qui lui ont commandé des œuvres monumentales, comme la Fondation Pierre Gianadda à Matigny, en Suisse ou l’école supérieure de commerce à Saint-Gall, en Suisse.