Vieira da Silva / Penalba. Le chemin de la consécration

Respectivement peintre et sculptrice, toutes deux également graveuses, Vieira da Silva et Penalba naissent à cinq années d’intervalle. Au cours de leur carrière, les deux artistes participeront activement à l’effervescence de l’École de Paris et ce contexte commun favorisera leur amitié.

Leurs parcours se rejoignent au début des années 1950 lorsque Vieira revient du Brésil et Penalba quitte l’Argentine pour Paris. En 1959, elles font partie des rares femmes à être invitées à participer à la prestigieuse Documenta II à Cassel. Deux ans plus tard, elles sont récompensées lors de la VIe Biennale de São Paulo, ce qui marque une étape importante de leur vie professionnelle.

L’espace, interrogé en tant que concept abstrait, est une caractéristique fondamentale tant des œuvres de la peintre que de la sculptrice. Pour Vieira, l’espace apparaît architectural, se transformant d’intérieurs domestiques en vastes paysages urbains. Dans le cas de Penalba, l’espace fait référence aux paysages naturels, en particulier ceux de la Patagonie et du Chili, qu’elle évoque par ses figures biomorphiques.

Pour l’une comme pour l’autre, l’espace semble être une dimension vitale qui symbolise la solitude, les peurs et les angoisses inhérentes à leur personnalité. Les deux artistes puisent dans leurs expériences personnelles, leur enfance difficile ou les défis rencontrés dans l’exil, et s’en emparent pour nourrir leur pratique.

Les sentiments de nostalgie ou saudade imprègnent également leur travail et y dévoilent une poiesis profondément intime. Leur langage abstrait est façonné par la transformation de formes géométriques simples à travers des mouvements, des progressions, des rotations et des répétitions, suggérant un sens temporel de la métamorphose.

Ni figuratives ni tout à fait abstraites, les correspondances sont multiples : elles apparaissent dans la structure de leurs œuvres, leurs sources d’inspiration et leur culture latine, et s’étendent jusqu’à l’engagement partagé, profond, absolu, des deux femmes à l’égard de leur pratique artistique.