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Concepts & Cinetisme

25 Janvier - 23 février 2024

L’art Conceptuel et l’art cinétique, deux grandes innovations initiées dans les années 20 par Marcel Duchamp, pour n’en citer qu’un, sont de nouvelles idées artistiques qui s’élargissent tant chronologiquement que géographiquement dans la deuxième partie du XXe siècle. Depuis les années 1960, l’art conceptuel n’a cessé de se développer à travers le monde ; en France, ce n’est plus le seul fait d’un groupe restreint, mais il est partagé par des dizaines d’artistes.

Geneviève Claisse, H, 1970

Nous pouvons citer le concept d’art concret, également né dans les années 20, qui refait surface avec des artistes travaillant directement sur la ligne, la géométrie et la couleur en refusant tout rapport formel avec la nature ou la sentimentalité.

Geneviève Claisse fait partie de ces artistes ayant bouleversé les années 60 et 70, tout d’abord avec des formes angulaires, exclusivement noirs et blancs, puis en parallèle ces triangulations subtiles succèdent immédiatement des œuvres basées sur le cercle et ses déclinaisons. Commence alors une période saisissante d’autres recherches esthétiques inouïes sur les infinies possibilités offertes par cet élément. Les couleurs, revenues, sont toujours pures et hardiment organisées.

Elle joue des contrastes, des accords et désaccords chromatiques, se risquant dans des voies subtiles tout en conservant une apparence de très grande simplicité.

““Avec l’abstraction géométrique, le langage atteint la liberté. Il peut être une création totale. En épurant et sublimant, il vise à plus de sensibilité…””

Geneviève Claisse

Le cinétisme et l’art optique sont aussi des concepts révolutionnaires, Victor Vasarely, Fransisco Sobrino, Horacio Garcia Rossi ou encore Julio Le Parc, ont créé et développé ce nouveau mouvement ayant pour objectif de faire participer le spectateur directement, d’inclure dans l’art une notion perturbatrice. Ils ont bouleversé les conventions picturales et apporté une nouvelle dimension grâce au mouvement du spectateur. La force et l’audace de ces artistes sont de donner l’illusion du mouvement sans le créer vraiment.

“Pour moi, le cinétisme est ce qui se passe dans l’esprit du spectateur quand son œil est obligé d’organiser un champ perceptif tel qu’il est nécessairement instable. Autrement dit, la réalité qui se présente à lui n’est pas une réalité donnée, qui serait la « bonne » vision de l’œuvre ; il y a au contraire plusieurs réalités qui alternent, selon les mécanismes qui relèvent strictement de la physiologie”

Victor Vasarely

Claude Viallat donne un dernier coup de pinceau avant de terminer une oeuvre. Photo Anthony Maurin. ©Objectif Gard.

 … ce qui compte, c’est la manière dont les couleurs jouent avec les couleurs qui sont en dessous, comment d’une manière intuitive et non voulue, non prévue, j’arrive à organiser une surface en densité, en intensité.

Claude Viallat

Le concept nourrit l’art, et les plasticiens enrichissent cette idée qui devient source de nombreuses innovations.

Claude Viallat fait partie de ceux qui ont inventé un nouveau langage pictural. À travers Supports/Surfaces, mouvement dont il est l’initiateur, Viallat adopte dans les années 60 un procédé à base d’empreintes qu’il multiplie selon le support, l’artiste réduit ainsi son vocabulaire à une seule forme. Également déchargé de tous sens narratifs, cet élément, nommée haricot, osselet ou encore éponge, est disposé en «all-over» sur le support. Il ne s’agit plus d’un simple face à face avec une toile, mais un savant jeu entre le motif et le support existant que l’artiste, à travers son action, détourne et transforme en une œuvre d’art.

Claude Viallat, 1986/156, Acrylique sur fragment de rideau

La dépersonnalisation de l’acte de peindre prend alors tout son sens.

Jorge Eielson, artiste péruvien ayant aussi inventé un nouveau mode d’expression artistique, transforme une surface peinte en un espace d’échange, où la culture précolombienne s’exprime au travers d’une œuvre contemporaine.  Il détourne Les Quipus (ancien système de communication de l’empire Incas) qu’il réinterprète de manière conceptuelle, lui permettant de combiner peinture, poésie, sculpture et performance en une seule création.

Claudine Drai crée un univers poétique et sensible à partir d’une matière pure et délicate, le papier de soie et tengucho . À partir de ce matériau brut, l’artiste réalise des tableaux en reliefs où le blanc pur prédomine : elle le froisse, le plie, le déchire, le colle, et fait naître des silhouettes, des paysages, des mondes où la lumière pénètre et joue de la transparence, un monde qui semble animé de forces spirituelles, une source d’émotions ouverte à la contemplation.

Claudine Drai, Sans titre, papier de soie sur toile, 2015

Oeuvres

Geneviève Claisse

H, 1970
Acrylique sur toile
150 x 150 cm

Dadamaino, Lettere 12

1979

Francisco Sobrino, Déplacement instable

1961 - 1969

Jorge Eduardo Eielson

Quipus 39-A, 2000
Acrylique et toile pliée et nouée sur toile
68 x 83 cm

Claudine Drai, Sans titre

2015

Claude Viallat, Sans titre

1986

Horacio Garcia-Rossi, Composition cinétique

1959

Victor Vasarely, CHEYT-G

1970

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