Pour les fauves, artistes du premier mouvement d’avant-garde du XXe siècle, le papier est un support privilégié leur permettant d’organiser les motifs en fonction des chocs colorés. Le blanc de la feuille joue un rôle très important, celui de libérer la forme, de faire apparaître les nus, les baigneuses et les corps qui dansent. Les personnages et les paysages sont ainsi traités d’une manière révolutionnaire et les artistes se détachent de l’élément représenté et accentuent les moyens plastiques utilisés. Usant de touches colorées, les Fauves expérimentent, face au papier, l’acte perceptif. « Ne plus rien faire qui représente quelque chose » écrit ainsi Derain à Matisse.
Exécutées en 1905 et 1906, années d’apogée du fauvisme, Quatre baigneuses et La naissance de Vénus d’après Botticelli d’André Derain, témoignent de ce procédé : déposer la matière avec une grande audace chromatique et laisser de nombreuses zones du papier en réserves.
La jeune femme nue allongée, exécutée par Henri Matisse à l’encre de Chine en 1906, témoigne de sa quête absolue d’expressivité : en éliminant tout élément de décor, l’artiste simplifie sa composition et focalise toute son attention sur le traitement évocateur du corps féminin.