TEASER
Victor Vasarely | Une autre dimension
23 mars - 12 mai 2023La galerie A&R Fleury est heureuse de vous inviter à l’occasion de cette exposition qui s’attache à rendre compte de la durabilité de l’art de Vasarely en soulignant la portée de ses inventions. Ce projet se concentre sur deux périodes et thèmes bien différents visuellement, mais totalement liés historiquement.
La période Noir-Blanc à la fin des années 50, représentée dans l’exposition par trois œuvres majeures, dévoile les préoccupations plastiques de l’artiste à travers la ligne et le carré. Deux éléments essentiels qui renouent avec l’époque où il était graphiste, et qui seront développés jusqu’à leur déformation maximale afin de produire un effet optique. À partir du milieu des années 60, deuxième période clé de ce projet, Vasarely s’engage dans une production spectaculaire où il définit ses « structures universelles » et explore l’univers des galaxies. La série des « Véga » donne naissance à des sphères qui se gonflent pour échapper au plan et créent des volumes extraordinaires. Elles sont le point fort de l’exposition.
« Porté par les ondes, je fuis en avant, tantôt vers les atomes, tantôt vers les galaxies » : le songe cosmique de Vasarely, au-delà de sa portée hallucinée et poétique, témoigne bien de sa volonté d’échapper aux limites matérielles de l’œuvre d’art pour atteindre l’incommensurable. Animé par ce projet utopiste, qui correspond plus concrètement au désir de mettre l’art à la portée de tous en l’incorporant à l’architecture et à l’urbanisme, Vasarely est devenu dans les années 1970 l’un des artistes les plus connus de son temps. Ainsi, celui qui fut surnommé « Le Pape de l’Op » lors de la fameuse exposition The Responsive Eye (1965, MoMA, New York), est désormais considéré comme l’un des artistes français majeurs de la deuxième moitié du XXe siècle. Le corpus d’œuvres réunies dans l’exposition de la Galerie A&R Fleury, Victor Vasarely, une autre dimension, permet d’avoir un bel aperçu du talent de Vasarely, qui marqua en profondeur les années 1960 et 1970 par ses abstractions cinétiques aux effets d’optique spectaculaires.
Dans la deuxième moitié des années 1950, l’artiste exploite aussitôt les possibilités de ce mouvement optique dans une série magistrale d’œuvres peintes exclusivement en noir et blanc (1954-1963), parfaitement illustrée par trois tableaux réunis par la Galerie A&R Fleury. Comme le montre Tlinko II (1956-1959), Vasarely aime recourir au principe organisationnel de la grille pour mieux en perturber l’ordonnancement. En faisant pivoter certains carrés sur la pointe ou en les remplaçant par des losanges, il aboutit à une dissolution optique des formes et soumet le plan du tableau à la vibration.
“Agresser la rétine, n’est-ce pas là faire effectivement vibrer ? Or, le contraste maximum, c’est le blanc et le noir”
Victor Vasarely
Totalement maître de la révolution plastique qu’il a instaurée, Vasarely, à partir de 1960, réintroduit la couleur dans les œuvres du « Folklore planétaire » où l’élaboration d’un alphabet plastique universel autorise des combinaisons picturales infinies de « Formes-couleurs ». Mais l’artiste, qui n’aime pas se laisser enfermer dans un système, s’éloigne à partir de 1964 de ces procédés combinatoires pour se livrer à l’exploration d’autres mondes visuels. Ainsi, avec Gamma MC (1959-1968), Vasarely s’intéresse au pouvoir dynamogénique des couleurs prises dans le réseau labyrinthique de carrés concentriques. Il renforce l’illusion de profondeur qui en résulte par la superposition d’un cercle bleu dont les contractions ondulatoires entrainent l’œil vers le point focal de la toile.
À l’inverse, le diptyque Menny (1965), plutôt que de cibler le regard, invite à sa libre circulation en recourant à des procédés plastiques qui aboutissent à une plus grande fluidité visuelle : des ondes lumineuses traversent en diagonale d’un bout à l’autre des compositions en damier, peintes dans des tonalités allant du jaune au vert-émeraude jusqu’au bleu très foncé. Dans un jeu de symétrie inversée, les tons de la composition du haut se dégradent selon un mouvement qui va s’éclaircissant de la périphérie vers le centre, et inversement dans la composition du bas.
Vasarely s’est beaucoup plu à varier ces effets d’échos visuels, d’image-miroir, dans le format du diptyque, comme en témoignent Zett-Oltar (1974-1977) ou Oltar-Zoeld (1970-1973), œuvres du début des années 1970 dont les dégradés très subtils de bleu-vert dégagent un sentiment d’infini. Ici, il joue de la déformation centrale de structures en grille pour donner naissance à des gonflements spectaculaires, tandis que les cercles se transforment en ovales dans la partie inférieure de la composition. Par ces formes enflées qui échappent au plan, Vasarely, selon ses termes, crée ses « propres énergies » pour rejoindre les « espaces interstellaires » et offrir au spectateur une sorte d’« équivalence intuitive de ce qu’on peut percevoir devant l’infinité des étoiles à la lumière de la science moderne ».
“Porté par les ondes, je fuis en avant, tantôt vers les atomes, tantôt vers les galaxies”
Victor Vasarely
Vasarely s’est pleinement livré à ces rêveries cosmiques à travers la série des « Vega » initiée en 1968, et baptisée ainsi par analogie avec l’étoile de ce nom. Les « Vega », écrit-il, « ont quelque chose de monstrueux, d’inquiétant. Elles tranchent nettement par rapport à mes autres œuvres, et elles révèlent une dimension baroque pas très éloignée du pop’art, tout au moins dans leur apparence extérieure. Elles semblent respirer lourdement, comme les « Pulsars », nés d’une explosion gigantesque qui s’est produite il y a 15 milliards d’années. » Avec Vega-bleu (1968), la grille cristalline paraît se muer en sphère sous l’effet de quelques cataclysmes cosmiques.
Extrait du texte critique par Domitille d’Orgeval
Oeuvres
Victor Vasarely, CEPHEI
1959
Victor Vasarely, MENNY
1965
Victor Vasarely
VEGA-BLEU, 1968
Tempera sur panneau
80 x 80 cm
Victor Vasarely, ZEET-OLTAR
1974-1977
Victor Vasarely, Vega-P
1979 - c.1990
Victor Vasarely, ERRO
1986
Victor Vasarely, OSCOP
1988
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