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Focus | Simone Boisecq

3 - 6 avril 2025

À l’occasion d’Art Paris, la galerie poursuit son travail de redécouverte d’artistes ayant activement pris part au développement de l’abstraction d’après-guerre avec un espace Focus dédié à Simone Boisecq (1922 – 2012). Sculptrice française née à Alger, sa pratique s’élabore autour de formes élémentaires empruntées tant au réel qu’aux arts premiers, s’éloignant à la fois de la figuration naturaliste et de l’abstraction géométrique.

L’ensemble d’œuvres sélectionné est issu de la période dite « sauvage » de l’artiste, première période de création plastique qui s’étend de 1946 à 1960 : pendant quatorze ans, Simone Boisecq développera dans un style déjà affirmé un vocabulaire symbolique imprégné de spiritualité et de poésie, et de formes inspirées par la nature.

Vue des objets sauvages de Simone Boisecq au Musée Unterlinden, Colmar - Photo DNA - Laurent Habersetzer

« J’ai passé ma jeunesse en Algérie, dans un climat où les plantes grasses et tropicales affirment leurs volumes dans une lumière intense. Et là est sans doute la source d’inspiration de mes premières sculptures, ou plutôt de mes premiers “objets”, objets sauvages exposés à Paris en 1952. »

 

Simone Boisecq

Née à Alger, Simone Boisecq arrive à Paris en 1945 et fait rapidement la connaissance du sculpteur Karl-Jean Longuet, qu’elle épousera quelques années plus tard. Elle découvre sa pratique et, en 1948, quitte l’Agence France Presse pour laquelle elle travaille pour rejoindre son atelier.

Très vite, elle côtoie Picasso, Brancusi et Zadkine, mais aussi les artistes de la Nouvelle École de Paris : Vieira da Silva et Arpad Szenes, Bissière, Étienne Martin, Stahly… Elle présente sa première exposition à la galerie M.A.I. dès 1952 puis est repérée par Germaine Richier en 1954 lors de son exposition à la galerie Jeanne Bucher. Elle participe alors à de nombreuses expositions collectives avec les plus grandes figures de l’après-guerre parisien.

Simone Boisecq dans son atelier, 1986 © Archives Boisecq

Objet sauvage, 1950

Objets sauvages, 1948

Simone Boisecq développe rapidement son style propre, préférant le modelage à la taille directe pratiquée par son époux. Les formes dépouillées et élémentaires semblent surgir « de quelque civilisation lointaine et primitive (…), comme “venues de nulle part” ». Galbes et contours denticulés dialoguent sans cesse dans ses œuvres, reflets d’un caractère fougueux et indépendant.

De 1949 à 1955 les allusions à l’univers de la vie végétale dominent le premier moment de son itinéraire. Dans les « Objets et Fleurs sauvages » exposés en 1952, les formes épineuses, carénées ou crénelées s’épanouissent au carrefour des rythmes des agaves ou figuiers de Barbarie que Simone Boisecq a côtoyés durant plus de vingt ans à Alger. « Ce que j’ai fait est né là-bas », confie-t-elle.

“Un grand vase aux bras levés pouvait évoquer une forme humaine vide en situation d'offrande, un orant. Je ne me suis jamais attaquée directement à la figure humaine : je trouvais à cette époque que la forme végétale revêtait objectivement un sens plus aigu sur le plan symbolique.”

Simone Boisecq

Totem, 1957

 

 

 

 

 

À travers le refus de toute imitation, narration, anecdote, et l’inscription dans ses « Idoles » d’une dimension anthropomorphique, le climat de son travail s’apparente d’emblée à celui des Arts Premiers qu’évoqueront encore ses figures totémiques. Il s’agit, pour l’artiste, d’approcher l’essence de la forme, à l’image de Brancusi et de ses sculptures aux formes pures qu’elle découvre en 1946.

Les œuvres de Simone Boisecq marquent par « l’interprétation spirituelle, essentielle des sujets choisis », commente la critique Herta Wescher. Ses volumes sont ainsi empreints d’une simplicité, une austérité et un aspect immuable, qui évoquent la relation de l’artiste au sacré, inculqué par son père, mystique et d’origine bretonne.

Au fil des années, cet intérêt se précisera par la réalisation de structures en croix rappelant les calvaires bretons aperçus pendant ses vacances dans le Morbihan, qui annonceront déjà une nouvelle série d’œuvres plus architecturales.

 

 

 

 

 

 

Homme cactus, 1956

“Je veux en rester aux élans premiers.”

Simone Boisecq

Détail | La forêt, 1955

La forêt, 1955

À propos de l’artiste

 

Simone Boisecq naît à Alger dans un milieu bourgeois, d’un père poète et d’une mère professeure de piano. Passionnée par la littérature et la philosophie, mais aussi par les Arts Premiers, elle commence sa carrière artistique à la fin des années 1940 lorsqu’elle arrive à Paris. Ses sculptures, inspirées par la nature, entre formes végétales et anthropomorphiques, évoquent des objets primitif ou artefacts imaginaires, et interrogent la relation de ses sujets au sacré. Figure de la sculpture abstraite d’après-guerre, son travail a été exposé au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, au Musée des Arts Décoratifs, à la Galerie Denise René, au Centre Georges Pompidou, au Musée Rodin, ainsi qu’à la Biennale de Paris et à la FIAC.

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