Paul Delvaux (1897 – 1994)
Les deux amies, 1969
Aquarelle et encre sur papiers joints
62,9 x 100,8 cm
Les deux amies, 1969
Aquarelle et encre sur papiers joints
62,9 x 100,8 cm
Paul Delvaux
Maître du rêve, singulier et envoûtant, Paul Delvaux crée un univers intemporel à travers ses œuvres uniques. Formé à l’Académie Royale des Beaux-Arts à Bruxelles, Delvaux établit rapidement un style symboliste influencé par le post-impressionnisme. Ce n’est qu’en 1934, quand il découvre l’œuvre de Chirico, que Delvaux se lance dans une nouvelle poursuite. Le point tournant de sa carrière, Delvaux se proclame surréaliste.
Dans son répertoire, on y retrouve des femmes, souvent nues, déambulant dans un décor au cadre resserré. Il référence l’art de Botticelli, dans les poses hiératiques de ses figures, et les gestes et expressions suspendus des œuvres de Munch. Delvaux réussit à capturer un moment dans le temps et nous présente un monde familier, mais énigmatique et ésotérique.
La composition en deux registres de notre œuvre Les deux amies est dominée par les figures féminines entrelacées au premier plan. Les simples lignes finement placées pour créer ombres et dimensions suggèrent la main délicate de l’artiste caressant le papier et reflètent l’étreinte sensuelle des deux femmes. Le lavis d’aquarelle bleu rend un aspect fantasmagorique à cette scène, renforçant ainsi l’atmosphère onirique et brumeuse de cet intérieur.
À l’arrière-plan, une série de fenêtres donnent sur un ciel noir contrastant avec l’ivoire de la peau des figures centrales. La simple lampe à gaz allumée suggère une scène nocturne, mais il n’y a aucune autre indication sur le lieu et la temporalité de cette scène – Delvaux souhaite garder le mystère de son monde personnel.
Le regard profond dans les yeux noirs d’un des personnages, une signature de Paul Delvaux, nous ancre dans cet univers qui existe entre rêve et réalité, entre le fantasme et l’ordinaire.
Paul Delvaux
Le thème des deux amies est un motif récurrent dans la peinture. Celles de Delvaux font écho à cette toile de Gustave Courbet qui reprend ce thème pour en faire des allégories de la paresse et de la luxure. Rappelant ses débuts symbolistes, Delvaux devait être attiré par cette œuvre présentée au petit Palais en 1953. Nous y retrouvons des similitudes envers les positions des corps sur le lit défait et le fond sombre et profond de l’arrière-plan.
Au-delà des références formelles, Delvaux devait se sentir attiré par le double sens caché de cette toile que l’on retrouve beaucoup sur ses propres œuvres surréalistes. Ses sujets présentent multiples niveaux de lectures et encouragent les interprétations pluriels.