Figure incontournable de l’art moderne, Fernand Léger est un peintre français dont l’œuvre a traversé les courants artistiques et intellectuels de la première moitié du XXe siècle. Fasciné par la modernité, soucieux du progrès social, Léger a inscrit son œuvre dans un profond renouvellement des formes et des thèmes picturaux.
Né en 1881 à Argentan, en Normandie, Léger s’installe à Paris en 1900 pour suivre une formation de peintre. Il intègre rapidement la scène artistique parisienne et se lie d’amitié avec de nombreux artistes dont Robert Delaunay, Chagall, Modigliani, Blaise Cendrars ou Apollinaire. En 1907, il découvre l’œuvre de Paul Cézanne au Salon d’Automne, qui le marque profondément et dont il conserve « l’amour des formes et des volumes ». Venu ainsi au cubisme, Léger affirme sa singularité en développant un langage basé sur le contraste dynamique des formes et des couleurs. Poursuivant ses recherches, Léger rejoint le groupe de la Section d’Or et participe à ses premières expositions, notamment aux Salons d’Automne et des Indépendants. Soutenu par le marchand Daniel-Henry Kahnweiler, il est exposé aux côtés de Braque et Picasso, et s’impose au sein de l’avant-garde cubiste.
Mobilisé à l’été 1914, Léger part sur le front mais continue à dessiner sur tous les supports à sa portée. Après ces années âpres où il fait l’expérience lumineuse de la fraternité entre les hommes, Léger revient avec une force nouvelle et un appétit immense pour la vie moderne. Ouvert aux sensations de la ville, à son dynamisme, il la peint en grand format et cherche à en montrer la beauté plastique. Éléments architecturaux, affiches, signaux urbains, structures mécaniques sont autant d’éléments plastiques formant la grammaire du « nouveau réalisme » prôné par Léger, et dont témoigne Les disques dans la ville, exécuté en 1920. Parallèlement, il ouvre une académie de peinture, rédige de nombreux articles et participe à la fondation de la revue L’Esprit nouveau, en lien avec ses aspirations sociales. À partir de cette époque également, conscient de l’émergence de nouvelles innovations artistiques en prise avec le monde, Léger s’ouvre à de nouvelles disciplines comme la peinture murale, le photomontage ou le cinéma, en réalisant notamment Le Ballet mécanique en 1924, premier film sans scénario.
Au milieu des années 1920, alors qu’il obtient une reconnaissance internationale, Léger, comme d’autres artistes de sa génération, revient à un certain classicisme. C’est le retour à la figure humaine et à une vision plus statique et frontale, comme le montre La Lecture de 1924, où les sujets, prétextes à l’interprétation plastique, sont toujours traités selon sa théorie des contrastes. Il noue aussi à cette époque une profonde amitié avec Le Corbusier, avec qui il partage des convictions esthétiques et sociales communes, comme celle de faire émerger une synthèse des arts majeurs. De cette complicité naîtront plusieurs collaborations importantes : le pavillon de L’Esprit nouveau en 1925, la Maison du Jeune Homme en 1935 ou le pavillon des Temps nouveaux en 1937.
En 1940, Léger fuit la France pour New-York, ville qu’il connaissait depuis sa rétrospective au MOMA en 1935. Cette ville-monde lui offre « le plus formidable spectacle du monde » et le conduit à de nouvelles innovations plastiques comme la dissociation entre la couleur et le dessin, perceptible dans Adieu New York, qu’il termine à son retour en France en 1945. Au lendemain de la guerre, Léger adhère au Parti communiste et ses œuvres comme Les Loisirs – Hommage à Louis David (1948-1949) rappellent son engagement humaniste et sa participation au début du réalisme social. Fidèle à esprit d’indépendance et porté par l’idéal d’un art pour tous, Léger se rapproche de l’architecture et conçoit des œuvres de plus en plus monumentales comme le décor en mosaïques du porche de l’église Notre-Dame de Toute Grâce du plateau d’Assy et celui de la grande salle du palais de l’O.N.U. à New-York.
Le musée Fernand Léger, installé dans la propreté acquise par l’artiste quelques années avant sa disparition, est inauguré en 1960. Ses œuvres sont présentes dans les plus grandes collections d’art moderne à travers le monde, dont celles du Centre Pompidou à Paris, du musée d’Art Moderne à Paris, du Musée Kröller-Muller à Otterlo, du MOMA à New-York et de la Tate Modern à Londres.