Renouveler le langage plastique à partir de figures géométriques fondamentales est l’enjeu magnifiquement accompli par Geneviève Claisse. Dès les années soixante son choix indéfectible pour une géométrie colorée va de pair avec son refus total de narration et devient le manifeste de ce qui sera tout son œuvre : une abstraction systématique au service de la ligne, de la forme, de la couleur, étrangère à toute figuration par le refus de toute compromission à une référence imagée existante.
Ainsi appartient-elle à une catégorie de créateurs soucieux d’un parcours mené en dehors des modes dans une indépendance assumée jusqu’à la fin dans laquelle entraient une rigueur d’expression, une radicalité de pensée associée à une richesse d’invention qui sont les signes d’une artiste authentique. Son imagination créative et sa science innée de la couleur poussée à son paroxysme ont ouvert dès 1963-1964 des périodes séquentielles issues d’un processus de simplification et de reconstruction. Tout commence par le dessin exercé avec les formes intangibles du carré, du triangle et du cercle. Sa proximité de Herbin dont elle a partagé l’atelier l’a conduite à faire siens les principes de perfection dans l’exécution, la pureté des formes, l’absence de perspective, l’élimination de la dualité forme/fond. Là s’arrêtent les principes de travail du maître dont elle rejette les règles de composition de l’Alphabet Plastique qu’il s’était imposé.