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T1966-R29 | 1966

Jusqu'au 22 juillet 2023

Pilier de l’Abstraction Lyrique, Hans Hartung a révolutionné l’art moderne grâce à son style gestuel distinctif. Il équilibre son geste entre impulsivité et contrôle pour composer ses œuvres transcendantes.

Dans T1966-R29, Hartung présente ses techniques les plus notoires, telles que le grattage, et l’acrylique et le vinylique appliqués par aérosol.

Défenseur de l’abstraction jusqu’à ses derniers jours, sa production des années 60 reste une des périodes particulièrement emblématiques de l’artiste.

Hans HARTUNG

T1966-R29, 1966
Vinylique sur toile et grattage
92 x 65 cm

Certificat d’authenticité établi par la Fondation Hartung – Bergman

L’obtention du Grand Prix de la Biennale de Venise en 1960 annonce une décennie éminente pour Hans Hartung. Récompensé pour son abstraction innovante, l’artiste se lance dans une nouvelle poursuite avec l’introduction de la peinture vinylique.

Grâce aux temps de séchage beaucoup plus courts, Hartung parvient à pousser encore plus loin la rapidité et la précision de sa gestualité. Il refaçonne sa méthodologie et crée le geste qui rythmera les œuvres de cette période. En superposant de la vinylique homogène de couleur claire puis une couche épaisse de couleur sombre, Hartung gratte à répétition la surface pour élaborer ses failles lumineuses.

Il se réapproprie ainsi son propre corps dans une gestualité engagée, puissante et sincère. Un vrai testament de l’exaltation du mouvement de Hartung, T1966-R29 engage le spectateur à rejoindre l’artiste dans sa liberté.

Hans Hartung dans l'atelier d'Antibes

“Cela me fait plaisir d’agir sur la toile. C‘est cette envie qui me pousse: l’envie de laisser la trace de mon geste. Il s’agit de l’acte de peindre, de dessiner, de griffer, de gratter!”

Hans Hartung, 1951 dans un entretien avec Charles Estienne

Hans Hartung, T1966-R29 détails, Vinylique et grattage sur toile, Galerie A&R Fleury, Paris

Le surgissement fluorescent, provoqué par le geste du grattage, est renforcé par le jeu de couleur. T1966-R29 oppose l’orange et le bleu, couleurs qui dans leur complémentarité engendrent naturellement de la lumière. Pourtant, Hartung défi cette technique chromatique en obstruant le champ de vision par ses deux colonnes noires. Elles dominent la composition, s’étirent et englobent la partie centrale du tableau. Tellement profond, ce pigment charbon comporte des reflets bleutés, seule indication que l’artiste n’a pas attendu le séchage complet du fond avant d’appliquer sa seconde couche.

Derrière la domination des deux pilastres, Hans Hartung nous confronte à l’irruption des couleurs intenses. Par la force de son geste imprévisible, il arrache l’orange et le bleu qui s’enchevêtrent et s’opposent, mais ne perdent jamais de leur pureté. Il fissure le cosmos sombre par ses sillons rayonnants et laisse transparaître par endroit le blanc de son support. Une luminosité éclatante s’invite alors sur la toile. Elle est renforcée par ce contraste clair-obscur maîtrisé par Hartung.

La préparation de la toile et du fond chez Hartung est une première étape cruciale dans son processus. Ce sont ces toiles inachevées qui suscitent une fascination chez Mark Rothko lors d’une visite à son atelier à Paris. Cette rencontre déterminante en 1950 aura un impact sur l’œuvre de ses deux maîtres de l’abstraction. Pour Hans Hartung, il incorpore de nouveaux outils pour apporter des détails vaporeux à ses toiles. Grâce au pistolet à air comprimé et à l’aérosol, Hartung exécute ses fonds dégradés et des traits brumeux.

Intrigué par les effets optiques de transparences et de perspectives produites par le glacis, ou sfumato, Hartung apporte une touche de modernité à cette ancienne technique de peinture pratiquée par de nombreux artistes tels que Léonard de Vinci, Titien, Le Caravage… Une couleur vue à travers une autre — Hartung reprend ces fondements tout en innovant leur usage pour produire son effet de profondeur. Dans T1966-R29, les particules fines du vinylique, délicates et translucides, révèlent les soubassements de la composition et simulent les effets d’ombres.

« Veille à ce que tes ombres et lumières se fondent sans traits ni lignes, comme une fumée. »  

Léonard de Vinci, Traité de la peinture, 1651

Hans Hartung, T1966-R29, in situ, Vinylique et grattage sur toile, Galerie A&R Fleury

« Hartung est le seul qui mérite actuellement le titre de grand peintre. » dit Jean-José Marchand, critique d’art de l’Après-Guerre. C’est à l’occasion de la fameuse exposition « H.W.P.S.M.T.B » (Hartung, Wols, Picabia, Stahly, Mathieu, Tapié, Bryen) à la galerie Colette Allendy en 1948, que cette déclaration fût publiée. Ce titre de grand peintre n’est pas anodin. En effet, grâce à son audace et son ingéniosité, Hans Hartung s’est inscrit dans la continuité de l’histoire de l’art comme un des peintres exceptionnels ayant contribué à la modernisation et à l’avancement de l’abstraction.

 

« Mondrian, ni même Kandinsky, ni Magnelli, n’ont été si rapidement et si naturellement abstraits […] il advient dis-je que ce geste ou ces gestes solitaires expriment si bien l’homme qu’ils expriment aussi l’artiste; que non seulement ils sont son style, mais qu’ils sont aussi un style, celui de l’expressif pur. Et ce style prend aujourd’hui une valeur exemplaire pour tous les peintres à qui l’abstraction apparaît comme la seule voie primordiale de salut. » 

Charles Estienne dans Art d’aujourd’hui, mars 1951

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