Claude Viallat est un peintre français né à Nîmes en 1936, reconnu pour un procédé créatif établi à partir d’un principe unique, celui de la répétition d’une forme simple et récurrente, immédiatement reconnaissable, développée en série sur des supports multiples et non conventionnels. Remettant en question à la fois le support et l’outil, Viallat est célébré internationalement pour son rôle pionnier et ses œuvres figurent parmi de nombreuses collections d’art contemporain.
À partir de l’année 1966, Viallat entreprend de répéter une forme unique oblongue, ni abstraite ni figurative, sur toute la surface d’une toile libérée de son châssis selon la technique du all-over. Devenus sa signature, ce motif et ce procédé créatif s’inscrivent dans une critique radicale des courants de l’art informel et géométrique, dominants dans le paysage artistique dès années 1960.
Viallat utilise toute sorte de supports souples, pauvres pour la plupart, issus de la vie quotidienne : bâches industrielles, draps, parasols, rideaux, toiles de jute, chemises. Viallat précise à ce sujet que « c’est la qualité de la toile, du support qui va organiser à la fois le résultat et le travail parce que je fabrique des supports qui sont très souvent irréguliers, avec des tissus usés. » Guidant la réalisation de l’œuvre, ces matériaux, parfois reliés ensemble, ont chacun leur manière propre de réagir à l’application de la couleur. Cela offre de multiples « surprises » à l’artiste qui intègre le hasard à sa démarche.
Coloriste remarquable, Viallat utilise la couleur vive pour appliquer la forme qui l’a rendu célèbre, « la plus simple, la plus élémentaire, la plus immédiate qui soit », déclinée à l’infini au fil des supports. Pour peindre, Viallat se tient au-dessus du support posé à même le sol, se rapprochant d’artistes qui ont été sources d’inspiration : Simon Hantaï, Jackson Pollock ou Sam Francis. Appliqué à même le support non préparé, ce motif détermine la composition dominée par une recherche rythmique d’harmonie. Exposée sans châssis, accrochée ou suspendue dans l’espace, la toile selon Viallat offre une alternative mouvante et tridimensionnelle à la frontalité traditionnelle de la peinture.
En 1969, il fonde avec un groupes d’artistes originaires du sud de la France, dont Vincent Bouilès, Daniel Dezeuze et Patrick Saytour, le mouvement Supports/Surfaces qui entend remettre en question les moyens picturaux traditionnels, aussi bien du point de vue du support, du motif que de l’objet final. Après plusieurs expositions collectives, dont celle au Musée d’Art Moderne de Paris en 1969, le groupe se sépare en 1972 à la suite de plusieurs dissensions.
Participant à de nombreuses expositions personnelles et collectives dès le milieu des années 1960, Viallat bénéfice d’une importante rétrospective au Centre Pompidou à Paris en 1982. Sa participation à la Biennale de Venise en 1988 au sein du Pavillon français constitue le point culminant de cette reconnaissance. Ses œuvres ont ainsi progressivement intégré les plus importantes collections dédiées à l’art contemporain dont celles du Musée d’art moderne de la ville de Paris et du MOMA à New-York.