Le peintre Gérard Schneider est reconnu internationalement comme l’un des pères de l’abstraction lyrique aux côtés de Pierre Soulages et Hans Hartung. Sa peinture libre et expressive occupe une place centrale au sein de cette abstraction nouvelle qui émerge à Paris dans l’immédiat après-guerre.
Gérard Schneider naît en 1896 à Sainte-Croix en Suisse. Arrivée à Paris à 20 ans, il entre à l’École des Arts Décoratifs puis aux Beaux-Arts dans l’atelier de Cormon. Il expose pour la première fois en 1926 au Salon d’Automne en présentant une œuvre post-impressionniste. Cette période s’achève vite pour laisser la place à de nouvelles et intenses recherches. Dans ce Paris en plein bouillonnement artistique, Kandinsky révolutionne l’art par l’abstraction et les surréalistes ouvrent les portes de l’inconscient. Sensible à ces nouvelles voies mais attaché à sa propre indépendance, Schneider s’engage dès 1932 sur le chemin de l’abstraction : sa palette s’assombrit, le noir prédomine et structure ses toiles dont les titres abandonnent tout lien avec le réel. Telle qu’il la décrit, l’abstraction est « la consécration de notre monde intérieur. […] Le secteur est libre d’interpréter selon ses sensations …de la même manière qu’il réagirait à une sonate. » (in « Schneider, la liberté du geste », Michel Ragon in Arts, 1961)
Dans l’immédiat après-guerre et dans une Europe en pleine reconstruction, l’abstraction lyrique s’impose sur la scène artistique dans sa radicalité. Paris en est l’un des centres les plus importants et Schneider l’un des pionniers. C’est le temps des expositions, d’abord collectives, à la suite de celle organisée en 1946 par la galerie Denise René, auquel Schneider participe aux côtés de Dewasne, Deryolle et Hartung, ou personnelles, après sa première à la galerie Lydia Conti en 1947. Son oeuvre se diffuse en même temps à l’étranger et reçoit les faveurs de la critique : il participe à la Biennale de Venise en 1948, expose aux États-Unis, à la Betty Parsons Gallery à New York en 1949 et lors de « Advancing French Art » qui se tient dans plusieurs musées du pays, mais aussi en Amérique du Sud ou au Japon.
Dans un désir permanent de renouvellement, l’art de Schneider évolue au cours des années 1960 vers plus de luminosité et sa palette s’enrichit de jaune vif, de violet, de vert, de rouge et de blanc éclatant. Ses tracés véhéments, puissamment contrastés et calligraphiques, transcrivent l’intériorité du peintre ; son geste libéré, rapide, s’exprime à travers une variété de techniques parfaitement maîtrisées : peinture à l’huile, encre de Chine, pastel, aquarelle. À partir des années 1970, le papier devient le support privilégié de Schneider dont la soif d’expressivité ne tarit pas.
Les œuvres de Gérard Schneider font partie d’importantes collections parmi lesquelles celles du Centre Pompidou et du Musée d’Art Moderne à Paris, du MOMA à New York, de la Phillips Collection à Washington D.C., du Museo d’Arte Moderna à Milan ou du Musée d’Art Moderne à Rio de Janeiro.