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Née en Argentine, Alicia Rosario Pérez Penalba (1913-1982) est l’une des rares femmes sculptrices des années 1950 à avoir obtenu une reconnaissance internationale, et ce de son vivant. Elle est aujourd’hui considérée comme l’une des plus grandes figures de la sculpture d’après-guerre. Profondément marquée par le souvenir des paysages sauvages de son enfance, Penalba porte son œuvre tout à la fois vers l’éclatement des formes, la conquête des espaces et la monumentalité.

Penalba arrive à Paris en 1948 pour poursuivre ses étude, puis découvre et fréquente rapidement les artistes incontournables de l’avant-garde parisienne : Brancusi, Giacometti, Arp… Elle développe son univers personnel et, de la peinture figurative, se tourne peu à peu vers la sculpture abstraite. En 1951, l’artiste s’isole dans son atelier de Montrouge, détruit la quasi totalité de ses œuvres antérieures et crée sa première sculpture non figurative, reflétant les propos de son premier biographe Patrick Waldberg : « Sa vie est un roman de l’énergie, comme eu aimé le concevoir Balzac. » En 1957, elle réalise sa première exposition personnelle à la galerie du Dragon où elle rencontre déjà un vif succès. En 1959, elle devient le premier artiste argentin à exposer à la Documenta à Kassel, puis en 1961, obtient le Grand Prix de Sculpture à la VIe Biennale de São Paulo, dix ans seulement après ses débuts.

Ses premières sculptures s’apparentent à des Totems, nom de sa première période qui s’étend entre 1952 et 1957. L’œuvre Passion de la Jungle est représentative des rythmes verticaux et resserrés de ses premiers travaux. Erigés vers le ciel, ces bronzes sont animés d’une forte dimension métaphysique et semblent renfermer des cavités énigmatiques comme c’est le cas pour Ancêtre papillon (1955), dont un exemplaire fut exposé au Solomon R. Guggenheim de New York en 1958 à l’occasion de la première exposition de Penalba aux Etats-Unis.

Après la série des Liturgies végétales, encore marquée par la dimension verticale, on observe avec celle des Doubles une ouverture des volumes, qui s’exposent davantage au regard du spectateur à l’image de Double sorcier (1956) ou Le Surveillant des rêves (1957). Les intervalles entre pleins et vides se font plus saillants, accentuant le jeu sur la concavité et l’imbrication des rythmes verticaux.

À la fin des années 1950, la série des Ailées inaugure dans le travail de Penalba un éclatement des formes et la conquête de l’horizontalité. Les éléments se superposent alors dans un équilibre fragile, couche par couche, permettant à la lumière de pénétrer jusqu’au cœur de l’œuvre. La spectaculaire Grande Imanta (1962), qui fut exposée en 1967 lors de la première exposition personnelle de Penalba à la galerie Alice Pauli, témoigne de cette évolution.

Enrichissant sans cesse sa pratique, Penalba reçoit des commandes qui permettent de s’exprimer dans de vastes espaces et de se confronter à la monumentalité. Les rythmes, multipliés, s’engagent dans une forme de dialogue avec l’espace, tel qu’en témoigne Forêt noire (1958), ou Petit dialogue (1961), qui annonce ses projets de miroirs d’eau, comme celui conçu pour le siège de la société pharmaceutique Roche en 1971.

Dans un ultime développement de sa pratique, Penalba part à la conquête des parois murales. Comme pour mieux capter l’idée d’envol dans ses sculptures, Penalba réalise des reliefs muraux autonomes, comme Amants multiples (1960).

La vie d’Alicia Penalba s’achève tragiquement en 1982 lors d’un accident de voiture.

Ses créations sont aujourd’hui conservées dans de grandes collections à travers le monde, au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, au Centre Georges Pompidou, au Rijksmuseum Kröller-Müller à Otterlo, au Museo Nacional de Bellas Artes à Buenos Aires ou à la Phillips Collection à Washington D.C. Ses commandes monumentales sont, elles, encore visibles dans de nombreux espaces publics, comme la Fondation Pierre Gianadda à Matigny, en Suisse ou à l’École supérieure de commerce à Saint-Gall, en Suisse.


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Vue de l’exposition « Alice Pauli. Galeriste, collectionneuse et mécène » au Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, 2025. Photo : Etienne Malapert, MCBA

Détail | Passion de la jungle, 1954

“Toute ma vie a été subversive. J'ai lutté contre le destin traditionnel des femmes qu'on essaya de m'imposer dès l'enfance.”

Alicia Penalba. Escultora, El Pampero Cine, MALBA, 2016

Alicia Penalba dans son atelier, Montrouge, circa 1955

Pour Alicia Penalba,

Volcans et glaciers du grand Sud d’Amérique – de l’Amérique du Sud – ont été de bons professeurs pour nous autres, petits créateurs nés en ce lointain silence. Jamais je n’oublierai les explosions volcanique de lumière ardente, la secousse tellurique qui impose sur la cordillère, sur la neige étincelante, sur la terreur humaine, des formes nouvelles à peines détachées de l’utérus terrestre.

De même, pendant que craquait la planète, descendaient des hautes solicitudes des fleuves blancs qui laissaient dans l’eau des figures colossales, filles des glaciers australs.

Ainsi Penalba apprit à construire des étoiles. Elle les fait de pierre ou d’argent, d’or ou de bois, mais toujours en les détachant du magma originel ou de la blancheur éternelle. Ses créations rugueuses et explosives conservent le sceau originel de ce silence, de ces tonnerres qui détruisent et créent.
Les rues du monde, les cités marquent leurs artistes d’une encre indélébile, de bazar et d’officine. Ceux qui viennent de l’espace gardent le front marqué par la bourrasque, par le feu, par le froid ou par la géographie.

Et je lis au front puissant de Penalba les signes que je connus là-bas loin dans la plus haute transparence ou dans la ténèbre natale : signes autels de la grandeur.

Pablo Neruda, Paris, Février 1972

Hommage à César Vallejo, 1955-56 | Bronze, 268 x 58 x 38 cm

Vue de l'exposition « Femmes années 50. Au fil de l'abstraction, peinture et sculpture », Musée Soulages, 2019

Alicia Penalba avec Alberto Giacometti, circa 1960-1965

Vue de l'exposition « Alicia Penalba » au Musée d'art moderne de la Ville de Paris, mars-mai 1977

Sonate, 1971 | Lithographie sur papier d'Arches, 74 x 54 cm

Grande Imanta, 1962 | Bronze, 104 x 120 x 52 cm

Vue de l'exposition « Alicia Penalba. Le langage des formes » à la galerie A&R Fleury, 2021

Grand Orolirio, 1962 | Bronze, 140 x 60 x 35 cm

Ancêtre Papillon, 1955 | Bronze, 74 x 30 x 26 cm

Rumeur d'ailes, 1974 | Bronze, 51,9 x 45 x 47 cm

Alicia Penalba dans son atelier

Ailealix, 1961 | Bronze, 22 x 38 x 22 cm

Sdraiata, 1981 | Bronze poli, 24 x 42 x 25 cm

Entrain ou Esquisse n° 4, 1981-82 | Bronze nickelé à l'argent

Alicia Penalba dans son atelier, Montrouge, circa 1955

Vue de l'exposition « Alicia Penalba. Le langage des formes » à la Maison de l'Amérique latine, Paris, 2021

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Réalisation de ce documentaire par El Pampero Cine avec un scénario de Victoria Giraudo.
Édition : Manoel Hayne
Acteurs / Actrice : Mariano LLinás & Elisa Carricajo
Son : Marcos Canosa
Images : Archive Alicia Penalba

Durée : 60 minutes.

Documentaire présenté dans le cadre de l’exposition au MALBA « Alicia Penalba. Escultora ». Du 14.10.2016 au 19.02.17.

Oeuvres

Alicia Penalba

Pris dans le mur, 1962
Bronze, sculpture murale
43 x 26 x 19 cm

Alicia Penalba, Ailes à l'aube

1961

Alicia Penalba, Faune des mers

1959

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Alice Pauli. Galeriste, collectionneuse et mécène

14 février - 4 mai 2025

Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne - MCBA

Aux côtés de Pierre Soulages, Maria Helena Vieira da Silva ou Sam Francis, le travail d’Alicia Penalba se voit consacrer une salle entièrement dédiée à son travail présentant des sculptures historiques exceptionnelles, des œuvres graphiques et des bijoux, qu’Alice Pauli a intégrés dans sa collection de son vivant. En hommage à la générosité d’Alice Pauli, […]

Alice Pauli. Galeriste, collectionneuse et mécène

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